Hezbollah : un parti politique ou une organisation terroriste ?

15.07.13

 

Le Hezbollah est né en 1982 durant la Première Guerre du Liban à partir d’un mouvement rebelle chiite. Il est financé et entraîné par les forces Al-Qods iraniennes. Cette organisation est basée au Liban du sud depuis sa création et est aujourd’hui dirigée par Hassan Nasrallah. Le Hezbollah a rapidement réalisé des attentats suicides, des kidnappings et des assassinats. En 1992, le Hezbollah est entré dans l’arène politique libanaise essayant ainsi de contrôler le Liban et de faire croire au monde qu’il était un mouvement politique légitime et non pas une organisation terroriste.

“Notre bataille sera finie seulement lorsque cette entité (Israël) sera effacée”, lettre ouverte du Hezbollah.

Aujourd’hui, l’objectif principal du Hezbollah est la destruction d’Israël. Le Hezbollah est ouvertement antisémite et anti-israélien. Son leader, Hassan Nasrallah l’a prouvé à maintes reprises publiquement :

“Je suis contre toute réconciliation avec Israël. Je ne reconnais même pas un état appelé Israël.”. “S'ils (les Juifs) étaient tous en Israël, cela nous éviterait de les chercher partout dans le monde.”

La chaîne télévision Al-Manar, la chaîne officielle du Hezbollah a diffusé de nombreux programmes anti-israélien et antisémite tels que des rapports affirmant qu’Israël aurait diffusé le virus du SIDA et d’autres maladies dans le monde arabe. D’autres rapports télévisés appellent à la guerre contre les Juifs et à la destruction d’Israël. Cette chaîne a été interdite pour incitation à la haine en France, aux Etats-Unis, en Espagne et en Allemagne.

Le Hezbollah suit une version radicale de l’idéologie de l’islam chiite, développée par l’Ayatollah Ruhollah Khomeini, le premier guide suprême de l’Iran. Il est écrit dans la lettre ouverte du Hezbollah : “Nous obéissons aux ordres d’un seul leader, sage et juste [...] Ruhollah Musawi Khomeini. Que Dieu le sauve!”

Mais quelle est l’idéologie chiite de Khomeini ?

Selon les idées de Khomeini, un gouvernement islamique doit être imposé dans tous les pays pour préserver l’ordre islamique qui garde chaque individu sur le “juste chemin de l’Islam”. Ce gouvernement islamique imposerait la loi de la Sharia. Il explique : “il n’y a pas un seul sujet de la vie humaine où l’Islam n’a pas fourni d’instructions”. Dans la vision de Khomeini, tous les gouvernements islamiques doivent suivre les armées victorieuses et triomphantes des musulmans qui sortiront des mosquées pour entrer dans la bataille et n’avoir peur que de Dieu.


Ruhollah Khomeini

C’est cette idéologie que le Hezbollah a soutenu et diffusé depuis sa création. Leurs objectifs sont clairs : la destruction d’Israël, l’élimination de toute influence occidentale et l’établissement d’une théocratie chiite.

Anomalies

Le Hezbollah fait partie de la scène politique mais agit différemment que tout autre parti politique dans le monde. Il est indéniable qu’il apporte une aide sociale et construit des infrastructures éducatives pour la communauté chiite. Mais en tant que membre du gouvernement Libanais, ne devrait-il pas venir en aide à toute la population libanaise? Les hôpitaux du Hezbollah sont gratuits mais seulement pour ses membres. Imaginez un instant que le parti socialiste en France ou le Parti conservateur anglais construise un hôpital que seuls leurs membres puissent utiliser.

Comme le décrit l’écrivain libanais Dr. Amal Saad-Ghorayeb : “Ces efforts renforcent le lien social entre le Hezbollah et ses partisans mais il serait une erreur de penser que ce soit la raison principale de leur soutien. L’idée de résistance contre Israël est la réelle motivation du Hezbollah et de ses partisans.”


Rafic Hariri

Comment fait-il face à l’opposition politique? La plupart des partis politiques utilisent le débat et la démocratie mais le Hezbollah utilise ses propres moyens. Rafic Hariri, Premier ministre du Liban à deux reprises, était un membre de l’alliance du 14 mars, opposé à celle du 8 mars à laquelle le Hezbollah est affilié. Rafic Hariri a été assassiné le 14 février 2005. Le tribunal spécial de l'ONU au Liban a accusé le Hezbollah responsable de l’assassinat. Plus récemment, le 19 octobre 2012, le général de brigade Wissam al-Hassan a également été assassiné. Il était affilié à l’alliance du 14 mars et était proche de la famille Hariri. De nombreuses voix au Liban ont accusé le Hezbollah d’en être responsable.

Enfin, le Hezbollah détient 100 000 roquettes et des milliers de combattants. S’il fallait le rappeler, le Hezbollah n’est pas l’armée officielle du Liban. Pourquoi le Hezbollah détient-il autant d’armes? Pourriez vous imaginer le parti d’Angela Merkel détenir des roquettes et missiles qui n’appartiennent pas à l’armée allemande ?

Pour le comprendre, il faut savoir qui contrôle réellement le Hezbollah, qui prend les décisions et quels intérêts ils servent.

Qui le contrôle ?

Le Hezbollah ne serait pas né sans l’aide financière et l’entraînement de l’Iran et des forces Al-Qods qui continuent jusqu’à aujourd’hui d’aider le Hezbollah.


A gauche, drapeau du Hezbollah. A droite, drapeau des Gardes révolutionnaires islamiques.

Pourquoi l’Iran chercherait-il à diriger le Hezbollah? Depuis la révolution islamique, l’Iran a toujours cherché à exporter sa révolution au sein des nations arabes et spécialement parmi les minorités chiites. Imposer la loi islamique et expulser toute influence occidentale a été le moteur de la politique des guides suprêmes de l’Iran, Khomeini et son héritier Khamenei, pour plus de trois décennies. Le moyen employé pour arriver à leurs fins est le terrorisme. Les principaux mandataires de l’Iran sont le Hezbollah, le Jihad islamique palestinien et le Hamas (bien que leur soutien ait diminué depuis que son commandement a quitté Damas). Ils fournissent de l’argent, du matériel et des entraînements à ces organisations terroristes via les forces Al-Qods.

Hassan Nasrallah lui-même a étudié parmi les leaders chiites qui ont supporté le régime iranien. Il a suivi les enseignements de l’Ayatollah Mohammad Baqir al-Sadr (soutenu par l’Iran) et a étudié lui-même à un séminaire de la ville de Qom en Iran. Nasrallah et le Hezbollah reçoivent les ordres directement de l’Iran.

“Le Liban du sud est une arrière base militaire des Gardiens de la révolution islamique”, a déclaré le commandant des forces Al-Qods.

Cela s’exprime au mieux dans la dernière intervention du Hezbollah dans la guerre en Syrie. Le Hezbollah a envoyé des centaines de combattants pour combattre les rebelles et aider le régime syrien afin de préserver l’axe Iran-Syrie-Hezbollah. L’Iran a peur de perdre un allié de poids et un support direct de sa branche opérationnelle, le Hezbollah.


Hassan Nasrallah

Ces actions ont été contestées par l’opposition politique libanaise : “le Hezbollah continue de mettre les intérêts de l’Iran avant ceux du Liban”, déclarent des militants du parti du Mouvement du Renouveau Démocratique.

Encore une preuve n’agit pas en tant que parti politique légitime. Que penserait-on du parti travailliste anglais s’il utilisait son arsenal militaire et participait à une guerre civile française ? Pas en tant que représentant officielle du Royaume Uni mais par lui-même. Serait-il toujours considéré comme un acteur légitime du gouvernement britannique?

Il ne faut pas non plus faire l'erreur de différencier une aile politique d'une aile militaire. Le Hezbollah ne répond qu'à un seul leader. "C'est étrange d'avoir distingué la branche militaire du Hezbollah de sa branche politique", estime également Ali Hamadeh dans An-Nahar. "Les Européens tout autant que les Arabes et les Libanais savent que cette distinction n'existe pas. Le Hezbollah est une organisation militaire par excellence. A supposer qu'il y ait deux branches, alors la militaire ne fait qu'exécuter les décisions prises par la politique." 

Le Hezbollah n’a jamais été autre chose qu’une organisation terroriste qui répond aux ordres du guide suprême de l’Iran et cherche à détruire Israël, la population juive et toute présence étrangère. Ils continueront de jouer un double rôle : aider la minorité chiite, nier les besoins du Liban et atteindre leur but en menant des attaques d’attentats-suicides, kidnappings et assassinats.

Après tout, Nasrallah le dit lui-même : “Nous ne sommes pas une armée régulière et nous n’agirons pas comme une armée régulière”. Le vice-commandant du Hezbollah, Naim Qassem nous rappelle qu’il ne faut pas différencier les activités politiques du Hezbollah de ses activités terroristes : “le Hezbollah a un seul leadership”.