Le Liban fête son « indépendance » les mains liées par le Hezbollah
Le Liban fête son « indépendance » les mains liées par le Hezbollah
Il y a 70 ans jour pour jour, le 22 novembre 1943, le Liban déclarait son indépendance. Le gouvernement libanais décida rapidement de conclure un accord avec la France afin d’assumer lui-même la responsabilité des Forces Armées libanaises. Cependant, le jeune état va voir petit à petit son autorité être contestée par un groupe terroriste téléguidé par l’Iran : le Hezbollah. Le “parti de Dieu”, armé et financé par le voisin régional iranien, va transformer le sud du Liban en poudrière. Provocation et confrontation contre l'État d’Israël, attentats terroristes à travers le monde, le Hezbollah constitue une menace aussi bien pour la sécurité d’Israël que pour l'indépendance du Liban.
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, reçoit ses ordres directement du guide suprême d’Iran, l’Ayatollah Ali Hosseini Khamenei.
Depuis sa création et son installation au sud du Liban, le Hezbollah a été source de déstabilisation régionale provoquant deux guerres avec Israël et démontrant son caractère terroriste à travers des attaques contre des intérêts israéliens et juifs à travers le monde. Le 18 juillet 1994, le Hezbollah ensanglante l’Argentine à travers un attentat à la voiture piégée visant un bâtiment abritant plusieurs associations juives faisant 84 morts et 230 blessés à Buenos Aires. C'est l'attentat à la bombe le plus meurtrier jamais commis sur le sol argentin.
Les Libanais en colère contre le Hezbollah
La présence du Hezbollah à la frontière avec Israël rend la zone sensible et explosive. Armes, bunker et rampes de lancements de roquettes sont entreposés au milieu des civils qui sont utilisés en permanence par le Hezbollah comme boucliers humains. Son implantation dans le paysage social et politique, avec par exemple 12 députés au parlement libanais, affecte la vie démocratique et la sécurité du pays. De nombreuses voix au sein du Liban expriment régulièrement leur colère contre l’influence néfaste du Hezbollah, de ses réseaux parallèles et de ses armes.
Les membres du Mouvement du renouveau démocratique affirment que “le Hezbollah continue de mettre les intérêts de l’Iran avant ceux du Liban.” L’ancien Premier ministre libanais, Saad Hariri, a déclaré : “nous voulons mettre [les armes du Hezbollah] sous le contrôle et l’autorité de l’État parce que c’est l’armée qui nous protège tous”. Saad Hariri a également expliqué en juin 2013 : “[concernant la présence du Hezbollah en Syrie] le Hezbollah a complètement ignoré l’opinion du peuple libanais. Avec leurs armes, ils ont créé un État dans l’État, sans Président ni Premier ministre. Dans l’État du Hezbollah, il n’y a pas de pacte national, aucun parlement ni dialogue national”.
Ces critiques acerbes du mouvement terroriste sont repris jusqu’aux plus hautes sphères de l’état. Le Président libanais, Michel Sleimane s’est également prononcé en août dernier afin d’appeler le Hezbollah à déposer ses armes et les délivrer à l’armée libanaise. “Il est temps que l’État, avec son armée et sa direction politique, soit le seul à pouvoir gérer et décider de l’utilisation des armes”. Ces déclarations sont intervenues quelques jours avant que le chef des forces libanaises, Samir Geaga s’exprime à son tour contre le Hezbollah. “Ceux qui veulent la stabilité du pays n’envoient pas chaque jour des drones vers Israël. (…) Le Hezbollah nous entraîne vers la guerre sans demander notre avis. Il attaque tout le monde.”
La communauté internationale unanime
Ces déclarations de responsables libanais sont appuyées sur la scène internationale par les grandes puissances, États-Unis, Union Européenne et Angleterre en tête, qui ont décidé de placer le Hezbollah sur la liste des organisations terroristes. Les représentants de l’ONU apporte également un poids important au fait que le Hezbollah viole régulièrement les résolutions le concernant. “Le Hezbollah, la principale milice du Liban, dispose d'une infrastructure paramilitaire massive en marge de l'état”, a déclaré un haut responsable de l'ONU, Terje Roed-Larsen, au Conseil de sécurité en mai 2008.
“Ceci affecte négativement les efforts du gouvernement pour disposer du monopole de l'usage de la force et imposer la loi et l'ordre dans le pays. Cela constitue également une menace à la paix et à la sécurité régionale”, a-t-il expliqué. M. Roed-Larsen est le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, chargé du suivi de la mise en oeuvre de la résolution 1559 du Conseil. Cette résolution votée en septembre 2004 imposait le retrait des troupes syriennes du Liban après 30 ans de présence. Elle exigeait également le désarmement et le démantèlement des milices libanaises et étrangères présentes au Liban.
La situation sécuritaire du Liban reste subordonnée aux activités du Hezbollah à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Son arsenal d’armes s’élève aujourd’hui à plus de 60 000 roquettes et missiles capables d’atteindre des cibles à des centaines de kilomètres, au Liban, en Syrie et en Israël. Cette présence prouve que 70 ans après avoir proclamé son indépendance, le Liban doit encore prouver sa capacité à s'émanciper de toute force extrémiste.